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récits, impressions, photos, poèmes, voyages accueil a propos contact aout 2010: publication du livre auto biographique « trois cahiers » 6 10 2010 c’est en feuilletant les albums photo de diverses périodes de notre vie, qu’il m’est revenu en mémoire des épisodes précis de mon enfance, mon adolescence avec la période dure et troublée de la deuxième guerre mondiale. mon mariage eu 1949, et notre vie à deux (en somme, assez brève), avec un enfant un an après puis un deuxième l’année suivante, les déplacements successifs au gré des chantiers, un troisième enfant en 1955, toutes les péripéties qui accompagnent et font un ciment et constituent une tribu ! cinq: la tribu. en retrouvant quelques pages de cahier datées de 1941, je me rends compte que les mots sont toujours là! ils ont toujours une valeur, le sens peut différer selon le jour, et justement, les interprétations sont comme un fil, dont ou défait chaque rang du tricot… je vais me remettre à noircir du papier. il m’écoutera parler, au gré du jour, d’une période ou un certain chapitre, comme il voudra bien émerger, pour un temps en essayant malgré tout de conserver une certaine chronologie. en 2001 avec un porte- plume, une plume sergent major et des encres parfumées offertes par mes enfants en ce début de troisième millénaire, l’écriture prend une nouvelle manière originale d’expression. elle avait été pour moi, vers 1933 la manière originelle. voyage de découverte pour les plus jeunes, voyage nostalgique pour les autres : savoir d’où l’on vient… commentaires : aucun commentaire » catégories : famille , souvenirs , voyages grand père 3 08 2010 mon grand père maternel clavaud commentaires : aucun commentaire » catégories : photos , souvenirs le parachute 1 08 2010 1939-1947 les enfants de cette période comme moi (j’avais 11 ans en 1939 et 19 ans en 1947) on souffert de toutes les privations, tout leur a manqué, et pire, certains ont perdu leur père, déporté ou fusillé. nous avons connu des restrictions de toutes sortes pendant des années ! nous compensions par l’espoir et une gaieté permanente. plus tard on nous a appelé la « génération sacrifiée ». 1944 …nous avions déménagé de guéret sur savennes à cause de la pénurie de nourriture (nous étions huit). depuis trois ans le leitmotiv était le « retour à la terre » , donc en 1944, arrivés à savennes, mon père avait, -en plus de la maison- loué pour l’année deux terres à culture, l’une pour les pommes de terre, l’autre pour les haricots, plus un potager au dessus de la maison, avec des pruniers et des cognassiers. il avait aussi loué du pâturage avec des cerisiers – griotte noire- et à cinquante mètres de la maison, une grange, car mon père avait acheté une vache qui donnait facilement dix litres de lait par jour. dans cette grange on entreposait le foin pour la vache en hiver et elle servait de temps à autre de lieu d’abattage clandestin de veau ou de porc, en accord avec ceux du village qui voulaient de la viande; nous ne faisions que prêter la grange, nous ne nous occupions de rien. parfois quelques maquisards y trouvaient refuge pour une nuit. a quatre ou cinq, pas plus à la fois et repartis au lever du jour. ils savaient où trouver la clef. nous ignorions qui et quand car ils venaient à l’improviste, pour leur sécurité. c’est par l’un d’eux que j’ai obtenu un parachute! je n’ai jamais su qui c’était, il m’avait seulement dit de regarder un jour au fond de la crèche de la vache – et surtout de ne rien garder à la maison. quand je l’ai trouvé, un matin, plié serré sous le foin, je l’ai vite caché à l’extérieur. je n’ai commencé à le découper que lorsqu’il n’y avait personne à la maison, le ramenant chaque fois à sa cachette. puis j’ai entrepris de découper les nombreux cordages, n’en ramenant qu’un à la fois pour le détortiller, étirer, mouiller pour finalement en extraire des fils fins et très solides pour la couture (c’était de la soie) car nous n’avions que du fil de rayonne : la couture se cassait au bout de deux lavages! j’ai attendu quelques temps pour me servir du tissu blanc récupéré : je me suis fait deux combinaisons et des culottes avec une petite dentelle. a ma mère, j’ai dit avoir trouvé quelques coupons en ville – sans plus. j’avais mis les morceaux de tissu et les cordelettes dans des bocaux pour qu’ils ne pourrissent pas et cachés dans les murets de nos champs. si mon père l’avait su, je pense qu’il aurait d’abord approuvé ma débrouillardise (et que je berne l’occupant), mais je crois qu’il aurait aussi tout brûlé, craignant pour sa famille. c’est à cette époque que le débarquement a eu lieu, cependant les escarmouches se poursuivirent pendant plusieurs mois avec les ffi et les ftp. a ce moment je travaillais à guéret et j’ai continué à porter ces combinaisons pendant plusieurs années et même ensuite à paris, jusqu’à ce que en 1948 j’en achète une belle, en satin rose et dentelle incrustée- grise et blanche-. il est vrai que le tissu du parachute avait fini par prendre un couleur blanc grisâtre, n’étant pas à l’origine destiné à la lingerie il était simplement ultra solide. je n’ai jamais soufflé mot de ce tissu aux copains, ni-même donné dix centimètres à mon amie – un mot échappé pouvait être fatal; on devait tout craindre: les allemands, la milice, la gestapo, les collabos et autres malintentionnés, les patrouilles du couvre-feu et les rondes de la feldgendarmerie. cahier 2 pages 46-47 à 58-59 © yvette esteban - 2005 commentaires : aucun commentaire » catégories : recits , souvenirs 1940-1946 vovonne et moi (2) 5 07 2010 fait marquant pour cette époque nous étions toujours très gaies, alors que nous vivions des années difficiles : guerre, occupation, couvre-feu, restrictions, privations en tout genre, marché noir (pas accessible) ; que des erzats de café, de chocolat, de sucre, de tissu, de chaussures (en carton compressé). pas de radio, mais on chantait tout le temps : les succès de l’année – rina ketty, tino rossi, léo marjane. j’imitais les acteurs, fini le chaperon rouge et les multiples voix, je mimais fernandel ! ignace boite à clous, simplet et l’innocent du village puis barnabé. les actrices, c’était moins amusant, à part yvonne printemps et danielle darrieux (dans « un premier rendez-vous »). vovonne se contentait d’être spectatrice et en redemandait. mais j’aimais aussi chanter les cantiques en latin de la messe des vêpres du salut et du mois de marie, cela m’apportait autre chose. ces expressions différentes étaient un équilibre pour moi. là, vovonne ne me suivait pas, athée et un père communiste, mais elle ne dénigrait pas. j’ai commencé à aller chanter dans une chorale, mais dès novembre où les jours raccourcissent, mon père s’y est opposé, pas question d’aller aux répétitions de sept heures à dix heures du soir : à sept heures on est à la maison. dans notre bande, si un garçon (nouveau) tentait un geste un peu plus qu’amical, c’était « bas les pattes » et la moquerie des autres ! il respectait nos manières à nous, sinon il partait tout seul ! je m’aperçois maintenant que sur les photos on à la raie du même côté toutes les deux, puis un peu plus tard la raie au milieu, toutes les deux ! commentaires : aucun commentaire » catégories : impressions , recits , souvenirs 1940-1942 vovonne et moi 5 07 2010 nous avions environ quinze ans, quand, un jour, curieuse, elle a voulu que l’on aille voir une espèce de voyante, sensée communiquer avec les âmes des défunts, en faisant bouger un guéridon. je ne croyais pas à ces fables d’esprits frappeurs, mais elle, elle voulait «voir» elle invoquerait le chagrin de sa tante qui avait perdu son mari deux ou trois ans plus tôt. dans une pièce vaguement éclairée, on devait, assises autour du guéridon, relier nos doigts et écouter les incantations, appelant l’esprit de rené : – esprit es-tu là ? je me suis mise à rire, on appelle un esprit… et il vient ! vovonne me faisait les gros yeux et je riais encore plus ! comme si on disait : « abracadabra, rené es-tu là ? »… l’extralucide voul